« L’Étranger » de François Ozon : il est mort le soleil

« L’Étranger » de François Ozon : il est mort le soleil

« L’Étranger » de François Ozon : il est mort le soleil



. L’Étranger est une adaptation fidèle, sincère et pudique. François Ozon ne modernise ni ne trahit Albert Camus : le réalisateur illustre son texte, comme les dessins éclairant celui du Petit Prince.

. La mise en scène au service du roman. Pas d’effet ni de surinterprétation : Ozon reste au plus près du texte, ne défend ni n’explique Meursault. Il l’expose, simplement, dans toute son opacité.

. Le noir et blanc sublime l’Algérie aride, son poids existentiel et garde le spectateur à distance. Il mêle dans une teinte identique le sang, l’eau et le pétrole. Une neutralité pour ne pas nous influencer.

. Le soleil, personnage central. Référence directe au roman (mentionné 43 fois), il prend ici mille formes : une ampoule, un reflet, un trou dans le mur. Toujours prêt à brûler Meursault, pauvre papillon attiré par la lumière.

. Une fidélité intelligente. Les coupes dans certains dialogues, notamment la veillée funèbre, allègent le récit sans corrompre sa profondeur.

. La subtilité des ajouts. Un dialogue rêvé avec la mère s’insère par exemple sans souci dans le texte de Camus.

. Le Meursault d’Ozon est mou, désabusé, détaché, comme celui de l’auteur. Agaçant, mais fascinant de passivité.

. La bande-son hypnotique. Comme un écho du soleil et du désert, elle accompagne Meursault dans sa torpeur.

. Si vous aimez Sous le sable, Franz



. Un rythme lent. Ceux qui s’ennuyaient en lisant Camus s’ennuieront devant Ozon.

. Plus restauration qu’adaptation, le film manque peut-être d’un souffle personnel. Mais au moins, le réalisateur assume son approche respectueuse !



« J’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte. C’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. »



Alger, 1938. Meursault, un jeune homme d’une trentaine d’années, modeste employé, enterre sa mère sans manifester la moindre émotion. Son voisin, Raymond Sintès vient perturber son quotidien en l’entraînant dans des histoires louches jusqu’à un drame sur une plage, sous un soleil de plomb…

« L’Étranger » de François Ozon, avec Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin, Denis Lavant, Swann Arlaud, Christophe Malavoy…
Sortie le 29 octobre 2025.
Durée : 2h.
Image Copyright Gaumont.