Tijuana Bible

. La scène d’ouverture, à l’ombre de la barrière entre le Mexique et les Etats-Unis, située à Tijuana. La séquence introduit le personnage principal avec une simplicité percutante, dans tous les sens du terme.
. Les moments de grâce, qui parsèment le périple du héros, à la dérive dans cet enfer sur Terre. Deux scènes, en particulier, sont à saluer : celle de la « projection » dans la chambre et celle où le personnage marche sur des brisures de verre.
. Une oeuvre éreintante et dévorante, un voyage au cœur des ténèbres, qui prennent l’allure des trottoirs de Tijuana, véritable cour des miracles où se mêlent pauvreté, saleté, prostitution et drogue. La ville, personnage à part entière, est attirante et terrifiante.
. Le travail phénoménal sur la lumière. L’espoir réside dans les détails, dans ces projecteurs blafards, dans la lueur vacillante des lampes, dans les néons aveuglants qui attirent les habitants et les spectateurs comme des mouches. A Tijuana, tout est « féerique et dangereux » selon le réalisateur Jean-Charles Hue.
. La prestation de Paul Anderson, ravagé par la guerre, la drogue et la désespérance. En deux secondes à peine, l’acteur fait oublier son personnage mémorable d’Arthur Shelby de Peaky Blinders. Les côtes saillantes, le regard confus, la peau blanche cramée par le soleil, l’acteur prouve qu’il faudra compter sur lui dans le cinéma. Surtout qu’il maîtrise l’accent américain.
. Le film regorge d’épisodes religieux, qui l’éloignent du simple revenge movie. Il s’agit de l’évangile d’un soldat peu bavard, dont la rédemption permettra au vent de la résurrection, propre et figuré, de flotter sur lui.
. Le fait de savoir que « tout est vrai » dans le scénario, assure le réalisateur, « soit des histoires qu’on m’a racontées, soit des choses que j’ai pu voir ».
. Un éclairage salutaire sur le sujet des vétérans déportés.
. Espoir et désespoir dans une odyssée digne d’Apocalypse Now. Tijuana Bible baigne surtout dans une atmosphère similaire. Idéal aussi, si vous appréciez Abou Leila et ses moments de contemplation, qui sort le 15 juillet 2020.



. Peut-être aurait-on aimé en savoir davantage sur le passé du personnage principal.

L’histoire
Nick, un vétéran américain blessé en Irak, vit dans la Zona Norte, le quartier chaud de Tijuana. Il y fait la connaissance d’Ana, une jeune mexicaine à la recherche de son frère disparu depuis quelques semaines. Ensemble, ils vont plonger dans les bas-fonds de cette ville aux mains des narcos-trafiquants.

Tijuana Bible de Jean-Charles Hue Avec Paul Anderson, Adriana Paz, Noé Hernandez…
Durée: 1h32min.
Sortie le 29 juillet 2020.
Photo Copyright Avalon.