« Un pays qui se tient sage » : film coup de poing

« Un pays qui se tient sage » : film coup de poing

« Un pays qui se tient sage » : film coup de poing



. Un pays qui se tient sage propose une prise de hauteur intellectuelle salutaire, qui s’articule autour de la citation (correcte) de Max Weber : « Il faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime ».
. Le film n’est pas manichéen, ne place pas d’un côté les méchants policiers, de l’autre les gentils manifestants. Le spectateur dispose d’éléments contradictoires afin de poursuivre le débat avec lui-même et se poser de nouvelles questions, le jour où il recroisera des images difficiles. L’arsenal intellectuel d’Un pays qui se tient sage est idéal si l’on veut « prendre du recul pour comprendre d’où vient ce mécanisme de violences » souligne le réalisateur David Dufresne.
. La variété des interlocuteurs, qui défendent leur point de vue et s’opposent parfois à travers des mini-débats, face aux images des manifestations projetées sur un grand écran.
. Le choix de ne pas indiquer qui est qui : le spectateur est vierge de tout avis pré-défini et écoute les intervenants sans juger.
. Un plaisir de voir David Dufresne revenir au genre documentaire, après Prison Valley, ou Hors-jeu. Les spectateurs comprendront qu’il n’est pas qu’un twittos ! Le réalisateur propose un film vérité, placé au centre d’un débat nécessaire. Une étape réussie dans sa filmographie, avant un véritable long métrage de fiction ?
. L’ingéniosité du titre.
. Ce beau plan malgré lui (image ci-dessus), où l’on devine le drapeau tricolore formé par les éclairages.
. Les plans après/avant sur une rue, un carrefour calme, qui étaient en proie à la violence quelques mois plus tôt. Une technique parfaite pour montrer qu’elle peut (re)naître n’importe où, n’importe quand.
. Voir ces images, croisées en petit format sur les réseaux sociaux, étalées soudainement sur grand écran, les rend plus brutes, brutales, et immersives. On a l’impression de fouler le pavé, de renifler le gaz. « Si le spectateur, sur son fauteuil, ressent cette violence, ne serait-ce que le temps du film, c’est bien, c’est du cinéma » explique David Dufresne.
. Les moments d’émotion, lorsque les victimes revoient leur drame sur l’écran, là, face à eux.



. On regrette qu’il n’y ait pas eu davantage de points de vue de la haute hiérarchie policière, qui selon le réalisateur n’a pas souhaité participer au film.
. On aurait aimé que les extraits soient plus longs, présentent mieux le contexte qui précède.

L’histoire
Alors que s’accroissent la colère et le mécontentement devant les injustices sociales, de nombreuses manifestations citoyennes sont l’objet d’une répression de plus en plus violente. « Un pays qui se tient sage » invite des citoyens à approfondir, interroger et confronter leurs points de vue sur l’ordre social et la légitimité de l’usage de la violence par l’Etat.

Un pays qui se tient sage de David Dufresne.
Durée: 1h26
Sortie le 30 septembre 2020.

Image Copyright Jour2fête

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