« Michel-Ange » : une œuvre qui ne laisse pas de marbre

. Michel-Ange est une œuvre d’art pure. La mise en scène, définie en plans fixes et rares mouvements de caméra, sculpte un récit massif, puissant.
. La volonté de composer des tableaux, notamment grâce aux décors, à la figuration, aux moues des acteurs et au format carré.
. La discipline du scénario, qui se limite à une période tendue dans la vie de l’artiste. Les figures imposées du biopic, à savoir l’enfance, l’ascension et la mort sont occultées. Aucun dispersement narratif.
. La prestation illuminée d’Alberto Testone. Sale en apparence, son personnage est possédé par le démon du doute et de la création, soumise au jugement des représentants de Dieu.
. Le message limpide, à savoir qu’un artiste insatisfait est un artiste intégral.
. Le casting réussi de « gueules » du Moyen-âge. On y est. L’immersion est renforcée par le travail minutieux sur le son, rapproché ou lointain, les coups de burin, les aboiements, le chant des oiseaux, les cris, les crachats…
. La présence, implicite ou non, de l’esprit de Dante, que Michel-Ange vénère et dont les textes nourrissent son âme et son art.
. Les paysages magnifiques, qui contrebalancent la crasse, la misère, la merde des seaux vidés par les fenêtres.
. Un film beaucoup plus introspectif que L’Extase et l’agonie de Carol Reed en 1965, consacré à Michel-Ange.
. Une photographie digne des films italiens des années 70, notamment Roméo et Juliette de Zeffirelli.
. La fin, simple et imposante, métaphore de l’inspiration en marche de Michel-Ange et de la gestation d’un de ses chefs-d’œuvre.
. Si vous aimez Barry Lyndon et même… Dune, pour la thématique similaire de l’affrontement entre deux clans, sur fond d’exploitation d’une richesse, le marbre de Carrare.



. Le rythme lent et l’incursion de poésie fantastique risque d’en rebuter certains.

L’histoire
Michel-Ange à travers les moments d’angoisse et d’extase de son génie créatif, tandis que deux familles nobles rivales se disputent sa loyauté.

Michel-Ange d’Andrey Konchalovsky, avec Alberto Testone, Jakob Diehl, Orso Maria Guerrini…
Durée: 2h14.
(Re)sortie le 19 mai 2021.
Image Copyright UFO Distribution.