« Mank » : le Citizen Game de Fincher

« Mank » : le Citizen Game de Fincher

« Mank » : le Citizen Game de Fincher



. L’austérité de la mise en scène, qu’illustre le carton d’introduction. Son sous-texte évoque le début de carrière de David Fincher, ses expériences négatives, en particulier celle d’Alien 3.
. Le montage qui segmente l’histoire avec une idée simple, mais pratique : inscrire avant chaque scène son contexte, comme il est mentionné sur le scénario papier. Impossible pour le spectateur de s’égarer !
. Les quinze premières minutes peuvent dérouter, parce que Gary Oldman frôle la caricature d’alcoolique. La suite redresse heureusement la barre. L’acteur dompte alors la folie créatrice d’un faux excentrique, d’un vrai humaniste. La scène du dîner costumé, qu’il interrompt, vaut le coup d’œil : son monologue éméché conte la genèse de Citizen Kane de façon ubuesque !
. La déclaration d’amour d’un réalisateur à son art. David Fincher mériterait enfin l’Oscar du meilleur réalisateur, tant son œuvre foisonne de sincérité et de simplicité. Une réussite, dans la mesure où elle ne semble pas « grand public » sur le papier.
. L’excellence des dialogues.
. Les clins d’œil visuels, autant d’hommages subliminaux ou explicites à Citizen Kane. Ce dernier se construit peu à peu sous nos yeux, à l’arrière-plan, au gré des répliques, des surcadrages, de la photographie, des coupes…
. Les subterfuges pour faire croire que Mank a été tourné, et surtout projeté, en 1940 : grain et teintes d’époque, faux marquage sur la pellicule pour indiquer un changement de bobine, saturation, son qui grésille parfois…
. Le personnage d’Orson Welles, en retrait. Il incarne presque la conscience du personnage, auquel il suggère un projet faustien…
. Vous aimerez si vous avez apprécié Dalton Trumbo, RKO 281, Café Society, Ed Wood… Et le rythme posé de Zodiac et Gone Girl. Quant aux adorateurs, et même détracteurs, de Citizen Kane, tous seront aux anges.



. Le personnage de Charles Dance pas assez développé.
. Une ouverture un peu brutale, qui jette les personnages dans le récit sans les étoffer. Par chance, le script se focalise vite sur Mank.

Une réplique savoureuse?
« C’est pour ça que je suis venu… Je représente les personnages secondaires…« 

L’histoire
Dans ce film qui jette un point de vue caustique sur le Hollywood des années 30, le scénariste Herman J. Mankiewicz, alcoolique invétéré au regard acerbe, tente de boucler à temps le script de Citizen Kane d’Orson Welles.

Mank de David Fincher, Avec Gary Oldman, Amanda Seyfried, Lily Collins, Charles Dance…
Durée: 2h12.
Sortie le 4 décembre 2020 sur Netflix.

Image issue de l’affiche du film. Copyright Netflix.



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