. Après un quart d’heure très classique, Le Feu sacré se propage et opte pour un traitement en quasi temps réel: la fronde à la fonderie s’emballe, l’écoulement implacable des jours entretient la tension. On ne voit alors plus le temps passer jusqu’à la fin.
. Des larmes, du sang-froid et de la stupeur. Les péripéties des salariés, des syndicalistes se transforment en une espèce de Game of Thrones social, où les conflits sans violence physique laissent des cicatrices, où les puissants finissent toujours par mener le jeu et écraser les petits.
. Le film n’oppose pas le méchant patron face aux gentils salariés : tous sont les ardents défenseurs de leur haut fourneau qu’ils ne veulent pas voir refroidi.
. La menace sur le travail de ces passionnés met en péril leur existence, ce qui en fait ainsi un sujet de cinéma absolu.
. Le montage dose parfaitement les confessions face caméra et les plans d’actions. Aucune saturation ni d’un côté, ni de l’autre.
. Un aperçu sans concession des conditions de travail (et de licenciement en fait!) en France.
. Pas de digression sur la vie privée des salariés, pas d’immersion dans leur foyer, pas de témoignages de proches : un parti pris salutaire, qui accentue le lien fusionnel des ouvriers avec leur aciérie.
. De jolis plans sur la fonderie, flamboyante, tonitruante, vivante. La gronde des salariés est la sienne. La violence surgit dans les promesses non tenues.
. Si vous avez aimé des œuvres de fiction sociale comme En guerre ou Ressources humaines, ce documentaire représente un excellent complément.
. Une oeuvre nécessaire: l’histoire de ces combattants peut devenir la vôtre demain matin.
. Le film a déjà une suite, puisque la sidérurgie reste sous les feux de l’actualité.
. La caméra qui n’assiste pas aux réunions avec le ministre Bruno Le Maire.
. Deux, trois mises au point floues, mais qui traduisent la difficulté de capter l’action véritable. L’histoire n’est pas écrite, ce qui fait tout le sel de l’art documentaire.
L’histoire
Dans le Nord, l’aciérie Ascoval est menacée de fermeture. Les 300 salariés ont une année pour trouver un repreneur. Dans la chaleur des fours, sur les barrages routiers et jusqu’aux couloirs de Bercy, les ouvriers, la direction, et les responsables syndicaux refusent de se laisser submerger par cette violence mondialisée : l’usine est neuve, rentable, et parfaitement convertible dans une économie de développement durable. Ce sont les vies de ces hommes et femmes et de leurs familles qui sont en jeu. Leur ténacité et leur union feront leur force.
Le Feu sacré, d’Eric Guéret.
Durée: 1h34.
Sortie le 21 octobre 2020.
Photo affiche du film. |Copyright Eric Gueret
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